L'humeur du jour





Boîte à outils

Notre Premier Ministre se donne 2 ans pour "faire sauter les verrous et les blocages qui paralysent la société française". Et il a bien raison! Encore faut-il s'entendre sur ces soi-disant blocages.
Notons toutefois que nous sommes passé d'un Premier Minsitre se voulant pédagogue à un Premier Ministre qui SAIT ce qui est bon pour les français. Serait-ce l'approche des présidentielles qui rende arrogant notre Premier Ministre?

Reconnaissons cependant que des réformes sont nécessaires sur de nombreux points et un gouvernement n'est pas là uniquement pour prendre des décisions populaires, mais également celles qui s'imposent pour une évolution de la société française.
La bataille pour l'emploi en fait sans doute partie, et ce nouveau contrat de travail, censé faire réduire le chomage des jeunes sur le long terme, est peut-être l'une de ses réformes impopulaires, mais nécessaire pour le bien des français; encore que j'en doute.
Peut-être serait-il temps de rompre avec l'illusion du plein emploi pour tous, et le chomage est sans doute plus structurel que conjoncturel.
Admettons donc que le Contrat de Première Embauche soit une bonne décision; vu que le gouvernement tend vers une réforme globale des contrats de travail, et s'oriente peut-être vers une généralisation de la période d'essai de deux ans pour tous les nouveaux salariés, appliquons donc cette intéressante proposition à nos politiques.........si on pouvait mettre un terme à leur mandat au bout de deux ans sur la simple  justification qu'ils ne correspondent pas au poste? Parce que finalement, c'est nous leurs employeurs...

En tout cas, en voilà un qui est mal parti pour faire sauter des verrous! Il est navrant d'entendre un Ministre de l'Éducation Nationale affirmer haut et fort que les enseignants ne sont pas formés pour faire face aux élèves difficiles (ce qui est sans doute vrai) et qu'en guise de formation, il propose une permanence policière dans les établissements afin de soutenir les professeurs. Une fois de plus, on ne s'attaque pas au fond du problème, on crée de la confusion et on discrédite les enseignants en déléguant leur autorité à la police.

Mais non content de critiquer le manque d'autorité  naturelle des enseignants, notre Ministre va encore plus loin ( au sens strict et figuré) pour vendre sa soupe sécuritaire. Il se rend en Grande-Bretagne où des policiers sont présents dans les écoles. Et là, à grand renfort de poignée de main très médiatique avec un Bobbies, notre Ministre vante tous les avantages d'une présence policière: le policier va chercher les élèves à la maison quand ils sont en retard ou ne veulent pas venir, le policier dit que c'est pas bien de dire des gros mots et de taper ses camarades; bref, pour notre Ministre, c'est THE solution pour sécuriser nos écoles.
Seulement voilà; il oublie un petit détail qui finalement à son importance: aucune baisse significative de la violence n'a été enregistrée dans les écoles anglaise disposant d'une présence policière.
C'est à se demander à quoi sert la police?
A rien... dans les écoles. Mais ça, notre Ministre a du mal à le comprendre. Il a du mal à saisir que la police peut être vécue comme une provocation pour des jeunes qui croisent en permanence cette même police en bas de chez eux; qui sont régulièrement arrêtés pour des controles d'identités, simplement parce que leur couleur de peau est différente, simplement parce qu'ils vivent dans des quartiers parfois laissés à l'abandon par des municipalités qui ne veulent pas voir la réalité en face parce que c'est mauvais pour l'électorat.

Ainsi, au lieu de mettre des pansements policiers sur toutes les plaies, il serait plus judicieux de tenter de comprendre pourquoi les plaies apparaissent. Les violences dans les établissements scolaire ne sont sans doute que le reflet des violences extérieures. Et la première violence n'est-elle pas de ne pas donner sa chance à chacun? Les inégalités sociales sont telles qu'elles en deviennent obscènes. Cela ne justifie pas les violences pour autant, mais l'indifférence de notre société pour une partie des membres qui la compose entraîne la violence afin d'exister dans cette même société. N'est-ce pas le seul rôle qu'on leur laisse finalement?
Interrogeons notre modèle d'intégration sociale avant d'envoyer la police. Sinon...

T'es de la police?
Non, je suis éducateur!

C'est le type de dialogue que j'aurais avec les jeunes que j'accompagne à la demande du juge pour enfants si l'ensemble du plan de prévention de la délinquance est appliqué. En instituant l'obligation pour les travailleurs sociaux de transmettre au maire les noms des jeunes suivis, on risque d'accentuer la confusion des rôles pour des jeunes déjà en manque de repères pour certains. La police a effectivement un rôle à jouer, mais les travailleurs sociaux également; et ce rôle ne doit pas être réduit à celui de balance.

Si au lieu de tout mélanger, on remettait chacun à sa place, alors oui, on pourrait parler de prévention. Une fois de plus, on joue sur la peur des gens pour développer un État encore plus sécuritaire.


Alors, Messieurs du Gouvernement, changez déjà le quotidien de ces jeunes, et vous verrez que vous n'aurez plus besoin de la police pour vous rassurer.



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04.02.06







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