Société de frustrés


Dans son émission mensuelle du lundi, Mr Delarue s'est demandé comment faire pour vivre avec seulement le SMIC. C'est vrai qu'en étant lui-même animateur/producteur, ça doit lui poser question.

Remarquez, il n'y a bien que ceux qui gagnent plus que le SMIC qui peuvent se la poser cette question; parce que ceux qui le touchent, ils sont tellement occupés à tenter de boucler leurs fins de mois qu'ils n'ont finalement pas le loisir de se la poser.

Ou plutôt si! Ils se la posent tellement qu'ils n'ont plus le temps pour autre chose.

À part tenter de faire semblant.
Parce que cette société de consommation nous culpabilise sans arrêt si on n'a pas comme le voisin qui n'est pas plus riche que nous, non, mais qui est pris dans le même engrenage machiavélique que nous; celui de la publicité.
En nous poussant ainsi sans arrêt à consommer, notre société nous ramène en permanence à notre condition de pauvres gens qui ne pourront jamais obtenir autant que la télévision, les magasines et autres supports publicitaires ne nous le laissent espérer. Notre société engendre la frustration, l'entretien même, car cela favorise l'achat compulsif, et nous amène à penser que l'Autre ne nous accordera un regard que si on a comme lui, que nos enfants nous aimerons seulement si on leur offre autant que leurs camarades reçoivent.
Tout à la fois victime et complice, nous subissons et entretenons cette société de sur-consommation. Et le système s'auto-alimente à présent, ne permettant plus de dicerner qui est en demande de quoi finalement.

En posant la question ainsi (comment vivre avec le SMIC), Mr Delarue part finalement du postulat que l'on ne peut qu'être malheureux avec moins de 1200€ par mois.
C'est sans compter sur une richesse inestimable; celle du coeur, de la solidarité, du partage. Alors certes, ce n'est pas palpable, pas quantifiable; et dans notre société normée et normative, on a perdu le sens des choses simples.
On a perdu le sens de toutes ces richesses qui faisaient qu'avant, on prenait le temps d'aller à la rencontre des autres plutôt que de s'arrêter à leur apparence vestimentaire.

Société des apparences où le jeu social est devenu tellement prépondérant que l'on joue même avec ses enfants à être le parent modèle, vous savez, celui de la télé, tellement gentil avec ses enfants qu'ils le lui rendent bien; l'image d'une famille parfaite aux sourires figés où tout est faux.

Société des loisirs à tout va, comme prétexte ou étayage au lien social, et qui s'avère être le plus souvent un substitut à la relation.
Enfin, société du paradoxe, que l'on dit de plus en plus individualiste alors que nous n'avons jamais été autant dépendant du regard des autres pour être ou plutôt pour paraître.

Oui, société du par-aître, comme pour nous protéger d'être. . .

Aurions-nous peur d'être nous-même? 




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Humeur du jour


14.04.06







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