L'orange mécanique


Avez-vous conscience que le danger nous guette jusqu'à chez nous? 

Parents! Vous abritez peut-être sous votre toit, sans le savoir, un dangereux criminel; un être abominablement odieux, violent et agressif. Plus grave que la grippe aviaire, bien plus dangereux que le  chikungunya, voici l'enfant de 36 mois. 


Un rapport de l'INSERM préconise le dépistage précoce des comportements délinquants afin de les traiter le plus tôt possible. 

Votre enfant de 3 ans est impulsif? Peu docile? Contrôle mal ses émotions? Son indice de moralité est faible? Ne cherchez plus, c'est un futur délinquant qu'il faut traiter immédiatement, si besoin en lui administrant des psycho stimulants et autres psychotropes dès l'âge de 6 ans. 

Vous ne rêvez pas. Vous êtes en France en 2006. 

En passant, j'espère pour vous que vous n'avez jamais arrachés les ailes d'une mouche étant enfant; si vous l'avez fait, alors vous êtes un délinquant  qui s'ignore. 

Ce rapport de l'INSERM est actuellement utilisé par le gouvernement pour justifier de la mise en place d'un plan de prévention de la délinquance assez éloquent. Ainsi, d'ici peu, on me demandera, en tant que professionnel dans l'enfance en danger, de repérer dès 3 ans les mauvais sujets. 

Comment peut-on accorder autant de crédit à un déterminisme aussi extrémiste? 

Sur quels critères va-t-on considérer qu'un comportement est déviant? Les dérives risquent d'être nombreuses; dès lors qu'un enfant posera des difficultés, on l'écartera du groupe au prétexte de le soigner. À ce niveau, ce n'est plus de la prévention, c'est du maintien l'ordre public dès la crèche ou la maternelle, les professionnels étant réduit au rôle de CRS de la petite enfance. 

En stigmatisant ainsi dès l'enfance certains enfants plus turbulents que d'autres, ne risque-t-on pas finalement d'induire ce que l'on veut traiter, à savoir la délinquance?  Et puis tout simplement, quid de l'éducation? 

Un enfant, ça vit, ça bouge, ça fait des bêtises, et tant mieux! C'est par l'éducation que les enfants intégreront les règles et normes de notre société. 

Alors, laissons le temps aux parents d'éduquer leurs enfants, en les soutenant au besoin. Laissons leur chance aux enfants. 

Pour ma part, je continuerai de dire aux gamins que j'accompagne qu'il n'est pas bon d'être trop sage, qu'ils ont le droit de s'opposer, qu'ils ont le droit de rire comme de pleurer, de faire les fous et qu'il est parfois salutaire de désobéir à un adulte. 

Je continuerai de dires aux enfants qu'ils ont tout simplement le droit de vivre; parce que vivre, c'est exprimer des émotions, des bonnes et des mauvaises.  

À vouloir une société trop normée, trop lisse, on plonge inévitablement dans le totalitarisme. 

Qui aurait pu penser qu'Anthony Burgess était si proche de la réalité? 

Pour prolonger la réflexion et signer la pétition, cliquez ici.

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Humeur du jour


17.03.06







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