La beauté du diable


Que reste-t-il de l'humanisme de l'homme dans cette société marchande où tout s'achète et se vend? Que reste-t-il de l'humanisme de l'homme dans ce monde où le conformisme et le formatage des esprits ne semblent avoir pour fonction que la sauvegarde d'un système sociétal aberrant?

Alors que nous approchons d'une échéance électorale majeure pour la France, y a-t-il encore de la place pour une réelle réflexion (et peut-être une remise en cause) de notre société et de son modèle dominant?
Car bien plus que dominant, ce modèle se trouve être de plus en plus en situation de monopole conduisant la majorité d'entre nous à croire qu'il n'y a pas d'alternative possible. Tout est fait pour nous amener à penser le monde d'une manière unique.
Ainsi, avec la caution rassurante d'une démocratie, réduite à un simple droit de vote, on endort gentiment la conscience du peuple afin de le rendre disponible à un seul et même acte: l'acte d'achat. Chaque individu devient ainsi une unité de consommation dont la seule fonction est d'engranger le flot  permanent de produits manufacturés issus d'unités de production.
J'en veux pour preuve que le moral des ménages est souvent ramené au réducteur pouvoir d'achat.

Serions-nous seulement heureux parce que nous pouvons acheter?
C'est du moins ce que l'on veut nous faire croire.

L'achat est ainsi vécu comme la satisfaction immédiate d'un pseudo besoin permettant de réduire une de ces frustrations savamment entretenues pas le système.

Nous pouvons également nous interroger sur l'individualisme de cette société.
Ne dit-on pas de l'homme qu'il est un animal social? Pourquoi alors se détournerait'il de ses semblables?  Ne tente-t-on pas de survaloriser la dimension individuelle afin d'annihiler la dimension collective de l'homme, source et force pour un changement de notre société?
Ainsi, cette propension à la réalisation personnelle (au travers d'activités de loisirs, artistiques ou culturelles) peut être perçue comme un moyen de détourner les hommes de ce qui nous rend justement Homme: notre capacité à penser le monde dans lequel nous vivons.

Certes, on se parle beaucoup, mais on ne se dit rien. Oui, on se rencontre beaucoup, mais on ne partage rien.

Notre société évoluera le jour où nous, citoyens, nous prendrons nos vies en main.
Il nous faut reconquérir notre humanité qui a été petit à petit grignoté par le système que nous avons finalement mis en place nous-même.

Nous l'avons chéri cette société de consommation; nous l'avons tant désiré cette société de l'opulence; nous avons tous voulu croire au leurre de la croissance permanente, cette notion abstraite qui n'a pas valeur d'absolu et qui n'a de sens que dans le système sociétal que nous connaissons.
Mais ce système tient sa force de la confiance que nous mettons en lui. Ce système n'a de sens que si nous l'utilisons. Il a l'importance que nous lui accordons. Si l'on s'en détourne, il disparaît, parce que c'est nous qui l'alimentons.

Le changement ne viendra alors que d'une volonté collective. N'attendons pas que le système change, car il ne changera pas. Il ne s'agit pas pour autant de faire la révolution. Il s'agit de réveiller nos consciences endormies, de montrer qu'une autre voie est possible. Il nous faut en quelque sorte désapprendre ce que nous avons appris du système.
Réveiller nos consciences, c'est accepter de reprendre le contrôle de nos vies, de nos actions, que nous avions abandonné un temps à un système qui nous apparaissait apte à faire notre bonheur. Cependant, à confier ainsi nos chemins de vie, nous avons perdu l'essentiel de ce qui fait notre humanité.

C'est Faust revisité.



La machine s'est emballée, le système fonctionne pour lui-même, il ne rend plus les gens heureux (l'a t'il seulement déjà fait?), mais leur donne l'illusion du bonheur. Un bonheur basé sur la possession de biens matériels quantifiables, aptes à attiser la jalousie, la compétition entre les hommes.
Nous sommes dans une société où cette notion de compétition est primordiale. Il faut sortir du lot pour exister. Il suffit de voir comme dans les sports collectifs, la dimension individuelle peut facilement prendre le dessus. On cherche le meilleur butteur, le meilleur marqueur du match. On créé une compétition au sein même de la compétition dans une même équipe, tout ça pour sortir du lot, pour exister. 

Alors, la dimension individuelle peut-elle réellement s'effacer pour laisser place à une dimension collective capable de transformer notre société?
C'est vrai, la nature à horreur du vide et nous résistons au changement, par confort personnel et parce que le système résiste. Par peur de perdre nos repères, nos habitudes.

Mais si nous nous y mettons tous, nous y arriverons. Si nous mettons un peu de côté nos intérêts personnels, nous pourrons accéder à une société plus équitable où la valeur argent aura moins d'importance que les valeurs de partage, de solidarité, d'entraide.
Ce sont les nouvelles générations qui amèneront le changement à condition que nous leur laissions cette possibilité de penser par elles-mêmes "sans  déléguer cette tâche à d'autre".



Belle utopie, vains mots ou joli rêveur?
Peut-être pour certains. Mais selon moi, ce monde est possible si nous le voulons vraiment.


La Beauté du diable est un film fantastique franco-italien de René Clair sorti en 1950.
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Humeur du jour


21.10.06







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