L'écologie libérale
ou le paradoxe de la bonne conscience

L'écologie a le vent en poupe!

Un récent sondage démontre qu'une forte majorité des français (enfin, des personnes interrogées) est prête à trier encore plus ses déchets; mais cette majorité s'effondre dès lors qu'il s'agit de réduire l'utilisation de son véhicule...

L'écologie a le vent en poupe, si si!
On en parle tout le temps à la télé!

Mais de quelle écologie parle-t'on?

C'est vendeur l'écologie en ce moment. C'est même un produit qu'on nous met sans arrêt en tête de gondole. Il suffit de compter le nombre de candidat aux élections Présidentielle qui se réclament de cette étiquette.

Et sur cette question de l'écologie, on butte toujours sur le même problème: celui d'une réelle prise de conscience collective.

Mais comme pour d'autres sujets de société, on ne fait rien pour la favoriser cette prise de conscience; et lorsque je dis ON, je pense à nos dirigeants et autres responsables politiques.

L'écologie ne devrait pas être une affaire de parti. Tant que cela sera le cas, cela dédouanera les partis politiques dominants de la contrainte de l'environnement. Car c'est une contrainte, l'écologie; il ne faut pas se le cacher. Mais une contrainte pour le bien de tous. Tout comme l'éducation de ses enfants implique une vigilance qui restreint nos libertés d'actions, le souci écologique réduit nos libertés individuelles. Et comme notre société prône un individualisme exacerbé, toute contrainte est vécu comme une frustration plus ou moins tolérable.

Ainsi, l'écologie nous frustre de notre voiture, nous contraint à ne pas gaspiller, modifie nos modes de vie et nos habitudes de consommation.

Le tri sélectif, figure emblématique de la protection de l'environnement, est l'une des mesures la moins contraignante; rien d'étonnant alors qu'elle soit la mieux acceptée par les citoyens consommateurs que nous sommes. Car l'un des principales barrage à la conscience écologique, c'est sans doute notre société de consommation. En effet, notre système économique est basé sur la production de biens de consommation propre à développer notre PIB, et engraisser allègrement au passage de puissants actionnaires tandis que le citoyen lambda, réduit au statut de simple consommateur, achète tout et n'importe quoi, l'essentiel est que cela soit en grande quantité. Alors, l'écologie dans tout ça, vous vous doutez bien qu'elle devient rapidement le grain de sable qui vient bloquer un système pourtant bien l'huilé.

Fort de ce constat, notre chère société ultra libérale, jamais en reste pour rationaliser, a trouver la parade. Ainsi, un glissement s'est opéré dans nos schèmes de pensée.

D'un modèle cartésien (je pense, je suis), nous sommes passés pernicieusement à un modèle libéral (je consomme, je suis) avant de glisser encore plus hypocritement dans un modèle pseudo écolo: je consomme, je trie, j'existe et en plus, j'ai bonne conscience. C'est ce que j'appellerai de l'écologie libérale.


Le tri des déchets est une pollution propre.
C'est notre droit à polluer qui nous retire tout poids de culpabilité.

On nage en plein paradoxe, et pas des moindres, le paradoxe de la bonne conscience, largement entretenu par notre société consumériste.

C'est bien beau de trier ses déchets, mais si on s'attelait plutôt à en produire moins? 

On a finalement trouvé là un compromis qui protège ce système ultra libéral. Trier ses déchets, le bon moyen pour préserver un intérêt individuel (sa propre consommation) sous couvert d'une pseudo protection de l'environnement, car on fait tout l'inverse actuellement: l'Homme n'a jamais produit autant de déchets que ces dernières décennies, et ce, malgré nous. Il suffit d'ouvrir sa boite à lettre pour s'en assurer (publicités non sollicitées) ou bien faire ses courses en supermarché; vous avez pratiquement autant de déchets d'emballages que de produits achetés. Il suffit de regarder les bénéfices des compagnies pétrolières (39 milliards de dollars pour Exxon Mobil). 

Et pourtant, les solutions existent pour faire rouler les véhicules avec des carburants non polluant. Mais cela entrainerait de tels changements géo-politico-stratégiques que nos dirigeants ne sont pas prêts à les assumer.

Et pourtant, c'est bien pour ça qu'on vote pour eux; pour qu'ils prennent des décisions utiles et nécessaires pour le bien de la communauté, non?


Décidément, dans la balance des priorités du monde libéral, l'écologie ne pèse pas bien lourd face au capital. . . malheureusement.


Alors faisons là cette révolution écologique, Mr le Président, mais faisons là vraiment!




(Voir également Société de frustrés ainsi que La beauté du diable)
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Humeur du jour


03.02.07






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